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Mémoire d'habitant

« Regards croisés »

Ce projet a vu le jour dans les débuts de l’année 2005, à l’initiative de bénévoles de l’Espace Social et Culturel Victor Hugo de Vivier-au-Court et a été piloté plus particulièrement par M. Le Brech, vice-président de la structure.

Le travail engagé pendant 3 ans, a permis de recueillir de nombreux témoignages concernant l’évolution du territoire. Il a surtout contribué à l’expression, la prise de parole d’habitants qui ont été témoins ou acteurs des changements opérés depuis plus d’un siècle sur la commune de Vivier-au-Court.

Par cette action, il ne s’agissait pas de faire concurrence aux historiens, mais de collecter tout ce qui fait la mémoire d’un pays.

Les habitants d’année en année ont gardé dans leurs tiroirs des éléments de leur passé personnel, qui rassemblés, expliquent le présent de notre ville.

60 personnes se sont mobilisés autour de ce projet et ont démontré que ce travail correspondait à une attente. Beaucoup d’habitants de la commune possédant dans leurs archives des éléments de leur passé, ont été heureux de les transmettre aux générations futures.

Pour la première fois se sont trouvés réunis, des gens de toutes conditions sociales : des anciens ouvriers, des commerçants, des artisans, des entrepreneurs, un journaliste et aussi des patrons ayant dirigé des usines locales. Tous et toutes ont eu envie d’apporter leur expérience afin de témoigner et de laisser une trace de leur vie à Vivier-au-Court.

Ce travail de mémoire collective a permis également de valoriser l’histoire de vie des habitants d’origine étrangère, plus particulièrement les femmes issues du regroupement familial. En leurs permettant d'exprimer leurs premières impressions, le regard qu’elles ont porté sur leur nouvel espace de vie, ce travail a renforcé le sentiment d’être reconnu, valorisé.

En conclusion, ce travail de mémoire est une quête permanente, elle ne représente qu’une infime partie de notre histoire. Combien de trésors cachés sont restés enfouis dans des tiroirs, dans des greniers ou tout simplement dans la mémoire de gens qui n’ont pas cru qu’ils pourraient un jour intéresser quelqu’un. Le souhait que nous pouvons faire, est que des jeunes, dans plusieurs années, se penchent eux aussi sur leur histoire afin de les aider à préparer leur avenir.

Grand merci à tous et à toutes qui ont contribué à ce travail de mémoire et ont permis qu’il soit dorénavant, partagé avec un plus grand nombre.

Histoire de Vivier-au-Court

Selon la monographie de monsieur Henri Bouché, historien local, écrite au début du siècle dernier et confiée obligeamment par sa fille Mme BOURGARIT, épouse d’un industriel connu, l’étymologie de l‘origine du nom de notre ville est très complexe. Vivier provient du mot latin Vivarium (réservoir à poissons). Il pourrait désigner l’endroit où les romains avaient des viviers à poissons. Le mot « court » que l’on rencontre souvent dans les noms de villes et de villages ardennais doit son origine aux Gallo-Romains. Ces villages n’étaient, le plus souvent, que quelques cabanes isolées, construites sur une certaine quantité de terrains, closes par des haies, un courti. Vivier-au-Court, rattachée au hameau d’Aucourt depuis le 18ème siècle, aurait dû s’écrire Vivier-Aucourt. Malgré son origine ancienne, le nom de notre ville ne parait pour la première fois dans l’histoire qu’en l’année 1040, d’après une charte de l’Archevêque de Reims, Guy de Chatillon. Dans ce document, il concède à l’abbé Richard, moine de St Vannes de Verdun, le village de Vivier qui restera ainsi jusqu’à la Révolution attachée à la crosse de St Vannes. La paroisse de Vivier, dont Gernelle a formé l’unique secours jusqu’à la révolution, était située en pays d’empire et par conséquent non sujette aux décimes accordés par les Papes aux Rois. A cette époque reculée Vivier était la paroisse la plus importante comme étendue du doyenné, puisqu’elle comprenait les territoires actuels de Vivier, Issancourt, Gernelle etc. sans compter les communes du voisinage. Elle avait une superficie de 2500 hectares soit le cinquième du canton actuel.

Les écarts de Vivier sont :

Aucourt Curtis au Sud-Ouest à peu de distance du ruisseau de Vaste Pré qui par sa jonction avec le ruisselet de Moraimont forme le Thywé, affluant de la Vrigne où il se décharge par sa rive droite au château du Faucon. Ce hameau Curtis (la ferme) n’est qu’une métairie dépendant du village construit par les moines de St Vannes. Avec le temps elle s’est développée et est devenue le hameau ou section principale de la paroisse qui s’appelle Vivier-au-Court.

Les annonciades de Mézières y possédaient des petits cens au siècle dernier et la fabrique de l’Eglise paroissiale de St Laurent y avait également quelques biens ( voir archives).

Moraimont : Autrefois fief de Morimont, converti depuis de longues années d’abord en un moulin à farine puis en forge et en fonderie sur le ruisselet de même nom, affluent du ruisselet de Vaste-pré. Le carticulaire de Rethel parle de ce domaine sous l’année 1220.

Thumécourt : est situé à l’intersection du chemin n°16 communication de St Laurent à Sedan et Vivier à Issancourt. Les annonciades de Mézières y avaient acheté quelques propriétés (H 415) mais de peu de revenus, aux environs de ce hameau, la carte de l’ingénieur Vendol signale un moulin à vent à une altitude de 174 m. Les autres principales cotes relevées sur la carte d’état-major sont les suivantes :

184 m sur la rive gauche du Thywé en face du bois des Urliquettes ,

203 m à Moraimont,

225 m au Nord-Ouest de Thumécourt du côté ville,

255 m Vallée Chausson.

Nous ne saurions préciser l’époque exacte de la réunion de la terre de Vivier au Comté de Rethel, nous pensons que faisant partie de la prévôté de Donchery, elle appartenait à la fin du XIIèmesiècle à Renauld Châtelain de Mézières.

Dans sa partie méridionale du côté de Nouvion, Vrigne-Meuse, on rencontre des petits bois, des bouquets d’arbres d’où sortent quelques ruisselets qui se rendent à la Vrigne. L’un des deux fait mouvoir une usine à polir le fer. On mentionne des fontaines (Auges, Charmes).

L’église de Vivier

Sur ses murs on voit encore des traces d’anciennes fortifications, et à une époque reculée, elle a servi de refuge aux habitants de la paroisse. Au 19ème siècle, elle possédait un antique clocher de pierres de forme pyramidale. La tradition la faisait remonter à 6 ou 7 siècles d’existence. Les registres paroissiaux remontent à 1673. Autrefois fortifiée, l’église qui date du 16ème siècle, avait quatre tours couvertes en ardoises (il en reste deux), un mur garni de créneaux. Le mur et deux tours ont été démolis pendant la révolution (1789-1795).

Le cimetière était devant l’église jusqu’en 1865 (extraits de « géographie illustrée des ARDENNES » par Albert Meyrax.

Curés de cette époque :

Jean-Claude Cordier

Jean de Vrigne

Jean de Harantz

Jean Thomé

Nicolas Dupuy

Puire de Persigny

Jean Bardou

Puire Antoine

Dans le 19ème siècle, Mrs Peltier mort en 1844, Jussy Ludan en 1866, Oudart et Niclot se sont succédés. La paroisse de Vivier est sous le vocable de Saint Julien, elle a pour secours Gernelle fondée en l’honneur de la Ste Vierge. (archives c 80 et 300)

Le château

Le château, situé place d’Armes, ancienne demeure des seigneurs LANISY jusqu’à la Révolution, n’a rien d’un château féodal. C’est une maison forte à usage de ferme, maintenant assez délabrée. Elle date probablement du XVIème siècle.

La fonderie

L’histoire de la Fonderie est intimement liée à celle de Vivier-au-Court.

Les Ets BOURGARIT-GUILLET : successeurs de GUILLET FAGOT ont été fondés en 1857, marque (GF). Ils ont été fermés en1979.

Les Ets Jules MANIL fondés en 1877 furent cédés aux Ets WINTENBERGER, déjà propriétaire d’une fonderie à FREVENT. Le directeur M. FRINGHIAN a fait prospérer l’entreprise MANIL avec l’exclusivité de la fabrication de la fonte GS. L’usine donnait du travail à plus de 800 ouvriers lorsqu’elle a été cédée au groupe EATON. Début des années 1980, après des mois de conflits, l’usine ferme ses portes pour ne plus jamais rouvrir. En 2007, sa démolition a commencé, pour devenir un groupe scolaire, et un gymnase et une salle des fêtes.

Les Ets BERNARD-HUET, anciennement MORANVILLE-GUILLAUME, ont été fondés en 1854 avec comme marque (MH). Ils ont été rachetés par M.DUPIRE le PDG des ETS INVICTA de DONCHERY.

Les Ets CAMION Frères fondés en 1820 ont eu comme marque (CF). Ils ont dominé le marché de la quincaillerie pendant plus d’un siècle et demi. Ils ont disparu dans les années 1980 pour être inclus depuis dans les Ets BERNARD-HUET.

D’autres « boutiques » ont vu le jour :

La ferronnerie Alfred LAGNEAUX à la Fontaine aux Charmes en 1908, la ferronnerie DARDARD, la fonderie de cuivre GUIOT, la ferronnerie LELONG en 1880, la fonderie JACQUEMARD (1829), route de Mézières, la fonderie DUMAS en 1920, la fonderie de bronze de Marcel ROUSSEAU, et encore bien d’autres…

De 1927 à 1934 deux cousins créent la fonderie de fer « Cossardeaux et Grosdidier ». En 1934 la « FONTE ARDENNAISE » voit le jour et Emile GROSDIDIER devient majoritaire et seul gérant.

Depuis, l’entreprise a toujours été en expansion sous la direction continuelle de la famille GROSDIDIER. Elle donne actuellement du travail à plus de 1000 ouvriers dans la région et même dans d’autres régions de France. Fin des années 1990, la Société CEVA a vu le jour afin de diversifier les méthodes industrielles

Vivier-au-Court, comme les Ardennes, a toujours été une terre d’invasions. 1870, 1914, 1940 ont été les années noires pour le pays. Les maisons ont été pillées, les usines ont fermé et les hommes sont partis pour la guerre.

L’évacuation 1940

En mai, l’offensive allemande débute en Belgique, au Luxembourg, en Hollande et en Ardennes.

Le samedi 11 mai : évacuation de Vrigne, les usines travaillent, dans les écoles distribution de masque à gaz.

Dimanche 12 mai : ordre d’évacuation de Vivier (sirène), direction la Vendée, Mareuil-sur-Lay. Par quels moyens ? Comme on peut : à pied, à vélo, en chariots à chevaux, en carrioles, avec des brouettes, des poussettes, et parfois quelques voitures.

La Francheville, Boulzicourt, Poix-Terron subissent des attaques aériennes.

Lundi 13 mai les réfugiés dorment à Rethel sur la place, ils subissent des vols d’argent et de biens précieux.

Mardi 14 mai ils arrivent à Reims, ils prennent un train de marchandises en direction de La Roche-sur-Yon en Vendée. Ensuite, transport par cars vers la région de Mareuil sur Lay, là, ils sont bien accueillis dans des maisons aménagées par eux. Le gouvernement français verse 1O Frs par personne et par jour.

Quelques-uns reviennent vers février 1941. L’ entrée en zone interdite est très difficile, les maisons sont abîmées, pillées. La vie reprend, mais il y a de plus en plus de restrictions sur les aliments. La plupart ne reviendront que fin 1944.

Après la guerre

Heureusement, pendant trente ans, le secteur a connu le plein emploi. Il a fallu la crise des années 80 pour que Vivier-au-Court perde une partie de ses usines et rentre en récession. Les années 2000 ont vu une reprise des activités, la Fonte Ardennaise reste une valeur sure dans la région et la création d’une zone industrielle de 60 ha, devrait redonner à Vivier-au-Court, la vitalité qui a toujours fait sa force.

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